Après je ne sais combien de changement de date, de lieu,
d’activité, d’organisateur, nous nous retrouvons finalement à 4 à Tardets,
motivé pour aller à Althagneta. Nous l’avons tous déjà fait mais c’est toujours
un plaisir de le refaire. Pour Iban, en plus, il y a un coté symbolique. Il
avait fait ce canyon avec son père il y a presque 15 ans et ça c’était mal
passé… Il avait fini en pleur,frigorifié, dans la partie la plus belle.
Aujourd’hui, il s’agit en fait pour lui d’exorciser ce canyon !!
On a beau chercher, pas trace de dalles recouvertes d’eau.
L’eau est plutôt claire, le débit semble faible, on s’y engage. La première
partie est plutôt banale, une rivière un peu encaissée en forêt. Mais passé une
C20, le canyon s’encaisse d’un coup et devient assez étroit. Y’a
ambiance !!
On s’aperçoit qu’il manque quand même de l’eau. Dans nos
souvenirs, dans certaines parties, on devait nager alors que, cette année, il
n’y a même plus d’eau. On avance plutôt bien, le canyon n’est pas du tout
technique sans eau. Dans l’ensemble, la première partie est bien équipée.
On arrive dans la partie très étroite. Toujours
impressionnant ce passage. On touche les deux côtés du canyon en tendant les
bras, et dessus, la falaise parait haute !! On ne voit juste qu’un rayon
de lumière percer à travers le « plafond ».
On arrive à un virage à 90° sur la droite. On descend dans
un amoncellement de troncs et de branche mais ça sent la charogne… Passage
obligé dans la vasque croupie au pied, mais c’est loin d’être avec plaisir… A
cet endroit, il n’y a quasiment plus de lumière. Ambiance très sombre, très minérale…
On sait ce qui nous attend derrière et on laisse le plaisir à Iban d’équiper.
Il y a une quinzaine d’année, ce passage c’était très mal passé pour lui et il
doit faire une thérapie dans ces rappels. Il était venu avec son père, son
oncle et son frère et ils avaient eu un souci de longueur de corde… Ils avaient
passé un temps monstrueux, lui et son frère, en pleur, à se cailler dans la
vasque… Il parait qu’il en ferait des cauchemars la nuit !!!
Ce coup ci, pas de souci, nous avons normalement tout ce qu’il
faut en corde. Iban nous équipe tout ça et nous nous retrouvons dans la vasque
suspendue qui s’ouvre sur le cirque donnant sur Kakuetta. C’est toujours aussi
magnifique même si une mauvaise surprise nous attend… La vasque est complètement
vide… J’en avais entendu parler mais j’espérais que c’était faux… La vasque s’est
percée et elle se vide complètement… Fini le déversoir de la vasque par
débordement… Le bijou Althagneta vient de perdre sa perle !!! Dommage…
Comme la vasque est à sec, on envisage presque de revenir
avec du béton à prise rapide pour reboucher le fond de la vasque !! Allez,
à la prochaine crue, ça se rebouchera naturellement !!!
Philippe équipe la cascade suivant de 35m. C’est magnifique
même si ça manque cruellement d’eau !!! Juste un petit filet qui se
déverse de sous la vasque…
Arrivé en bas, on essaye d’évaluer la hauteur de falaise.
Avec le recul, et avec ce que j’ai vu à Holzarte, je me dis qu’il y a vraiment
moyen de poser une highline dans le secteur. Un jour où la cascade crache bien,
y’a moyen de faire de superbes photos !!! Faudra que je branche ceux de
Pyrenaline là-dessus !!
Dans la cascade suivante, le manque d’eau est limite
déprimant… avant, on descendait sur corde en se laissant glisser sur le dos… On
a beau essayer de vider les vasques supérieures pour alimenter en eau, maintenant,
vu le petit filet d’eau, on peut dire au revoir au toboggan.
La suite devient très mal équipée… ça mériterait d’être un
peu repris tout ça… Certains passages sont sympa, notamment le petit passage
que nous trouve Iban, entre les blocs… Pour les petits, ça passe sans problème.
Mais les grands, on a systématiquement un bras trop long qui bloque !!! A
force de contorsion, ça passe…
Le dernier rappel ne nous inspire que vaguement confiance…
Deux pitons, qui auraient pu être posés par le père à Iban il y a 15 ans,
repris sur un arbre pas bien épais… Et comme d’habitude, un des pitons bouge…
On arrive enfin dans Kakuetta. Les souvenirs que j’en ai, c’est
que c’est long et fort peu intéressant… il y a bien quelques petits passages
pour rattraper tout ça, Iban nous dégottant à chaque fois des sauts ou des
toboggans improbables et des cascades dignes des gels douches Tahiti.
Nous arrivons rapidement à la partie qui se visite… C’est
plein de touristes et ça nous énerve rapidement… « Dis maman, ils font
quoi les messieurs ? »… On a eu droit à tout : spéléo, plongée…
et même escalade… Mais pas une fois quelqu’un a répondu le canyoning. On sent
qu’Iban en a vraiment marre, il semble se retrouver sur les routes d’Ascain en
plein mois d’août… et du coup il
accélère encore… On court presque pour le suivre…
On passe à côté d’une charogne… un vautour... Déjà qu’un
animal en décomposition, ça pue en temps normal… Alors imaginez un vautour qui
vient de manger une charogne et qui se décompose à son tour… Deux fois plus d’odeurs…
C’est assez immonde et ça nous enlève toute envie de trouver des sauts !!
Arrivé au lac, nous sommes en surchauffe dans nos combis
néoprènes et nous faisons semblant de ne pas savoir lire… On se jette
directement dans le lac, devant des dizaines de touristes médusés et les
panneaux « baignade interdite » … Ce n’était pas une baignade, juste
une remise à niveau thermique !!!
A la voiture, on se dit que les bières vont faire du bien…
Ben, en fait, elles ont surchauffé elles aussi et elles sont brulantes… On
dirait de l’eau de vie… Une bière et on se sent déjà limite bourré… Au moins,
Iban se met en jambe pour les fêtes d’Ascain le soir même !!!
Retour au Labourd pour les les un, direction holzarte pour
moi… Mais ça, c’est une autre histoire…