Entre les blessés, les sans dents, ceux qui font nounous,
ceux qui n’ont pas eu le mail, ceux qui ne viendront que le jour où on trouvera
une deuxième entrée, nous ne sommes pas nombreux à vouloir retourner au fond du
Behia continuer des explos… Ou bien certains commencent à me connaître et
savent que ça finira inévitablement soit mouillé, soit boueux, soit étroit,
soit les 3 à la fois ?
Seuls Théo et Alex acceptent de m’accompagner dans mes
délires « de première à la salle des Pas Perdus ».
Nous nous retrouvons donc à 9h au club, pour espérer rentrer
tôt dans le trou… C’est sans compter sur les retards, sur le temps de tout
préparer… On optimise pour n’avoir qu’un kit chacun, mais qu’est ce qu’il est
lourd… On sait déjà qu’on va en chier… Entre le perfo, les cordes statiques et la dynamique, les étriers, toute la quincaille
d’escalade, le marteau et burin et le matos pour le bivouac, ça fait son poids…
En montant au Behia, un gros doute m’assaille… La Nive est
vraiment très grosse. On commence à se demander si on pourra remonter le petit
actif qu’on avait repéré… Un actif, avec des étroitures sévères et beaucoup d’eau…
Il faudra peut être trouver un autre objectif.
J’équipe les puits d’entrée et c’est parti. Comme d’habitude,
il faut jouer les économes, vu qu’on n’a qu’une corde de 48m là où il faudrait
une 50 m…
On ne s’était pas trompé, ça mouille un peu dans le P25, les
puits sont tous humides et les kits sont vraiment lourds… En spéléo, le poids
du kit est proportionnel aux nombres d’insultes qu’il reçoit…
On mange un petit bout à la chattière à la base des puits et
on continue vers les Pas Perdus. Vu les passages chiants qu’il y a entre ces
deux passages, on se rend bien compte que le shunt par le réseau du Leize Mendi
est un vrai plaisir… On abandonne le matos de bivouac aux Pas Perdus et c’est
parti pour l’explo.
Vu le bruit de flotte qu’on entend, j’ai un sérieux doute
sur la faisabilité de la chose… Du coup, le petit pas un peu craignos pour
atteindre l’actif, on le passe sans corde, se disant qu’on va juste voir et qu’il
y a de fortes chances qu’on aille ailleurs.
Au pied de la première petite escalade, la cascade coule
vraiment à gros débit… Théo et moi, on aurait plutôt envie de renoncer mais
Alex part en libre, avec parade, juste pour voir au dessus… Derrière, il y
avait une étroiture vraiment coriace que nous avions élargi avec les moyens du
bord, à coup de caillou… Ce coup ci, à coup de marteau et bourrin, Alex nous
fait un boulevard… enfin, disons qu’on n’a plus à se dessaper...
Une corde (sur
monopoint… pas génial tout ça) et on le rejoint… Au final, on va bien y aller
se tremper…
Le marteau, c’est bien, mais à quelques mètres au dessus, sur
l’étroiture suivante, il nous faudrait vraiment la très grosse artillerie… Je
compte sur Philippe si ça devient prometteur… Sur cette étroiture, malgré tous
nos efforts, il faut quand même enlever un peu de matos pour passer…
Nous arrivons enfin à l’escalade sur laquelle nous avions
buté la dernière fois… Là, c’est bien pire que la dernière fois… Nous n’avions
qu’un petit filet d’eau arrivant de la galerie principale là où maintenant,
nous avons deux cascades qui arrivent et se croisent pile à l’emplacement de
celui qui devrait assurer le grimpeur…
Théo se colle à l’escalade (car au moins, il est au sec)
pendant que moi, je me colle à l’assurage, trempé à frigorifié… Aux bouts de
deux ou trois points, Théo arrive enfin à prendre pied en haut de l’escalade.
Et ça à l’air de continuer, mais ça à l’air étroit… On envoie donc Passe
Partout Alex pour nous ouvrir le passage… On le voit disparaître un petit
moment et revenir avec une phrase magique : « ça passe et ça continue
sur une escalade ».
Vu que la galerie continue, on va lui donner un nom… En ce
moment, Olivier, mon mentor en spéléo, celui qui m’a tout appris, formé,
informé et déformé sur les techniques spéléos, est en convalescence, la
cheville pété avec des plaques et des vis à la cyborg… Demandez-lui, l’histoire
de sa blessure est hallucinante !! Un vrai survivor !! Du coup, j’ai
une petite pensée pour lui et nous baptisons donc cette galerie « la
galerie des Eclopés ».
Après avoir posé un deuxième point et équipé en fixe, nous
rejoignons Alex… Il commence à se faire tard et nous commençons à être un peu
crevé… On laisse la plus grosse partie des kits en bas de l’escalade… Grosse
erreur…
C’est étroit, humide, et un peu chiant mais nous arrivons
rapidement à la troisième escalade. Elle semble bien prometteuse, 4 ou 6 m
seulement, et il s’agit en fait d’une
double escalade… L’eau arrive par une galerie à droite, et il semble y avoir
une galerie sur la gauche… On hésite, on est trempé et frigorifié mais on se
dit que c’est bien con d’arrêter là… Je me colle donc à l’escalade.
Dans l’actif, ça me semble difficile aujourd’hui, ou alors
il faudra ramper dans la flotte… Je pars donc sur la galerie de gauche. Avec
trois ou quatre points, j’arrive à poser le pied sur le haut de l’escalade. Oh
bonheur, ça continue !!! Je retrouve un actif qui file dans une fissure.
Je pense que ça rejoins la cascade en plafond de la deuxième escalade… J’élargis
à coup de marteaux, des rognons de silex barrant un peu le passage dans tous
les sens et je progresse dans une galerie sur une dizaine de mètres.
En haut, une bonne surprise, une petite salle. Je la baptise
« la salle du Hamster », petite pensée pour Iban qui n’a pas pu venir,
fraîchement opéré, lui qui a maintenant quatre dents de moins contre moi, même
si du coup il y a perdu toute sa sagesse.
La salle a une configuration assez spéciale. Elle doit faire
dans les 4 mètres de diamètre, et autant de haut. Elle mouille beaucoup, avec une cascade qui
arrive d’une lucarne 4 mètres au dessus. L’eau arrive pile poil sur un ancien
plancher stalagmitique et repart quasi à l’horizontale, aspergeant tout ce qui
se trouve autour. En bas, l’eau se
sépare en deux, une partie allant dans la galerie par laquelle je suis arrivé, l’autre
passant dessous et rejoignant, à mon avis, l’autre galerie active de l’escalade.
Il se fait vraiment tard, pas loin de 22h et je n’ai plus
rien comme matos sur moi. Cette escalade attendra donc la prochaine fois. Je fais
donc demi-tour et rejoins mes deux compères frigorifiés. Nous n’avons même plus
un bout de corde pour équiper en fixe… Tant pis, on laisse les plaquettes en
place et il faudra se refaire cette escalade… Elle est simple et pas bien haute,
ça sera l’hsitoire de 10 minutes au max.
En descendant, on essaye d’équiper un peu plus proprement la
deuxième escalade… Mais il est tard, il fait froid et il ne nous tarde qu’une
chose, c’est de se coucher… On verra ça la prochaine fois.
Dans la salle des Pas Perdus, il y a vraiment un pas
craignos… Là aussi, ça sera la priorité la prochaine fois.
A la corde du shunt, à l’entrée du réseau du LM, nous
abandonnons tout le matos d’escalade pour ne garder que le matos de bivouac et
nous arrivons enfin en vue du palace vers minuit…
Alex et Théo essayent désespérément de sécher leurs
chaussettes à la bougie. Après avoir mangé des pates à plusieurs sauces
diverses et variées, nous partons nous coucher vers 1h30, personne n’ayant
vraiment envie de veiller…
Le lendemain matin, soit 20 réveils et 19 micro réveils plus
tard, nous commençons à émerger… Personne n’ayant de montre ni de réveil, c’est
à l’heure de l’appareil photo que nous nous fions. Le temps de déjeuner, de
ranger le bivouac, de remettre les combis sèches, propres et repassées, nous décollons
du bivouac vers 11h15. Personne ne semble bien motivé…
Au réseau du Leize Mendi, mauvaise surprise là où on a
laissé le matos… Personne ne nous a rien volé… Quel dommage, on va être obligé
de tout remonter… Et c’est reparti avec les kits lourds…
La remontée se passe, lente, monotone, en silence, si ce n’est
les insultes et ralages de Théo envers son kit…
A 16h30, nous sommes enfin dehors. Pour une fois avec Théo
et Alex, nous sortons avant la nuit… Ca change. Deux biches (évitées sur la
route … à moins que ce soit la même) plus tard, nous nous retrouvons pour la
partie excitante du nettoyage… Au vu de l’état du matos, encore une fois avec
mes plans, c’était humide, étroit et boueux… Mais bon, ça en valait la peine…
La deuxième entrée n’est plus très loin!! Seulement à 400m au dessus…
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